Les bienfaits de l’écoute active

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Compassion et empathie au quotidien

L’empathie et la compassion sont de plus en plus reconnues comme des compétences déterminantes. On peut citer le cas de nombreux programmes universitaires dans le domaine de la santé où les candidats doivent dorénavant passer un test pour mesurer leurs aptitudes à ce chapitre. Est-il possible de se préparer à ce genre de test, d’améliorer des compétences qui paraissent à certains insaisissables? L’empathie et la compassion sont complexes, mais il reste que certaines techniques simples pour les développer se démarquent. On peut s’exercer à l’écoute active, par exemple, en appliquant une démarche très concrète : poser des questions, paraphraser et nommer les émotions de l’autre. 

En posant des questions, on évite celles qui se prêtent à une réponse de type « oui » ou « non »; on préfère plutôt celles qui appellent un développement. Il suffit, pour confirmer l’écoute, d’émettre un son approbateur, du genre « mmmhh »La paraphrase, qui consiste à reformuler dans ses propres mots ce qu’a dit son interlocuteur, présente quant à elle de nombreux avantages. Elle permet notamment de manifester sa compréhension tout en donnant à l’autre l’occasion d’apporter des clarifications au besoin. Nommer les émotions est la technique qui demande le plus de tact. Comme pour la paraphrase, il s’agit de vérifier ce qu’on se contente trop souvent de tenir pour acquis. Cette fois, par contre, c’est le contexte émotif qui est ciblé :   « C’est difficile? »« Es-tu satisfait? »« Tu as l’air content ». 

Dans un de mes cours d’éthique, les étudiants ont comme devoir d’appliquer ces techniques en conversant avec une personne qu’ils connaissent mal. Les résultats sont ensuite racontés sous la forme de courtes capsules vidéo. Les conversations rapportées sont d’autant plus remarquables qu’en ces temps de pandémie, « les personnes qu’on connaît mal » sont souvent des proches. Un étudiant explique : « Mon grand-père, je ne le connaissais pas vraiment. Je le vois souvent dans les rencontres de famille, mais on n’avait jamais vraiment pris le temps de s’assoir et de vraiment discuter. » Un autre ajoute : « Ça a vraiment été une discussion qui m’a apporté beaucoup et qui m’a vraiment permis d’apprendre qui était ma grand-mère, en tant que personne, à un niveau que je n’avais jamais abordé avec elle. » Un autre encore résume : « Ce que j’ai retenu de ce beau moment-là avec mon frère, c’est que même si tu penses connaître quelqu’un, y’a tout le temps quelque chose qui va t’étonner, y’a tout le temps quelque chose que tu ne vas pas savoir. »   


Écouter activement ses proches est positif pour tous. Mais l’écoute active est encore plus efficace lorsqu’elle vise des personnes dont les valeurs sont contraires aux nôtres. Évidemment, il est beaucoup plus difficile d’écouter activement une personne à qui l’on s’oppose. Mais les effets bénéfiques sont proportionnels à cette difficulté. Arriver à être curieux à propos du point de vue de l’autre, de ses motivations, de sa compréhension des choses, et résister à la tentation de le réduire à un stéréotype, de le « caser » selon notre propre vision du monde, ouvre des portes insoupçonnées. Pour connaître les bienfaits de l’empathie et de la compassion, il ne s’agit donc pas tant de les « comprendre » que de les vivre, et l’écoute active est un premier pas efficace et gratifiant. 

Yvan Tétreault, professeur de philosophie